Après la colonie (27e Présélection 2020)

C‘est sans doute vers un très coquet village de montagne qu‘une voiture bondit, vrombissante, sur une route escarpée, crissant dans les virages acérés. Les maisons fleuries de géraniums, aux fenêtres de jolis rideaux brodés. Mais les vitres, on ne les lave plus depuis le malheur. Les rideaux, on les soulève juste un peu pour regarder les passants. On se cache, on se tait, on se terre. C‘est que bien, plus haut, il y a la colonie, celle qui accueillait les riches enfants d‘en bas. Mais elle est fermée depuis vingt ans. Depuis le drame, la souillure. On sait mais sans savoir, on n‘en parle pas, mais les scories accumulées par ce malheur, par le poids du non-dit, enferment et délitent la vie des villageois. Le drame se perpétue. Olivier Pitteloud fait vibrer ce récit dans un style particulier, les phrases pulsent dans la colère, halètent, s‘essoufflent, s‘assourdissent et emportent le lecteur avec brio dans ce huis clos régional et universel.